Sur ce sujet d’ampleur nationale qui perdure depuis de nombreuses années il faut faire preuve de beaucoup de prudence et dépassionner le débat. Nous déplorons l’emballement de la majorité municipale et de la droite en général sur ce sujet et l’hystérie collective qui s’est manifestée depuis quelques jours, en réaction à un article de presse mis en ligne par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, article particulièrement vague et dont on pouvait douter de la crédibilité.
Le préfet des Yvelines a d’ailleurs rapidement confirmé qu’il n’était pas question d’installer un vaste camp de réfugiés comme il a été lu ici et là, mais que le site de Villevert faisait partie d’une liste de sites potentiels pour accueillir cent à deux cents personnes réfugiées.
Le préfet a également précisé aux maires de notre canton qu’il recherchait 400 places dans le département des Yvelines et qu’il était ouvert à des propositions alternatives des maires d’ici la fin du mois d’octobre. Il semblerait toutefois que les clarifications et demandes du préfet n’ont pas changé la position initiale du maire de Louveciennes, ni celle des autres maires du canton, qui communiquent principalement sur le refus d’un « camp de migrants » sans évoquer les solutions alternatives qui éviteraient l’installation d’une structure d’accueil de réfugiés à Villevert. Cette proposition du préfet de rechercher des solutions alternatives ne figure d’ailleurs pas dans le texte de la motion qui a été votée par le conseil municipal le 26 septembre. Or, le rôle premier d’un maire face à une situation telle que celle-ci est davantage de chercher des solutions aux problèmes qui se posent à notre société que de manifester et lancer des pétitions.
Les efforts de solidarité, que ce soit en matière de constructions de logements aidés ou aujourd’hui d’accueil de réfugiés, ne doivent pas être portés toujours par les mêmes communes, et la réflexion sur l’accueil de réfugiés doit dépasser le cadre de Louveciennes et du canton, et être menée au niveau départemental, éventuellement régional, dans le respect des directives nationales. Il y a 1,4 million d’habitants dans notre département pour 262 communes, dont 70 de plus de 5000 habitants. Est-il impossible aux maires yvelinois de répartir 400 personnes sur le territoire du département ? Au prorata de sa population Louveciennes devrait accueillir 2 personnes. C’est dans cet esprit que nous avions fait lors du conseil municipal du 24 septembre 2015 une proposition tout a fait raisonnable d’accueil de quelques réfugiés dans notre commune, une famille par exemple (lire notre article de septembre 2015). Le maire avait alors expliqué qu’une telle mesure n’était pas envisageable, invoquant différentes arguties. Or, si chaque commune francilienne avait fait un petit effort au lieu de penser égoïstement, l’État ne serait pas contraint de chercher aujourd’hui des terrains pour accueillir des centaines de réfugiés.
Rappelons aussi que l’aménagement du site de Villevert n’a jamais été la priorité des municipalités qui se sont succédé… sauf bien sûr pendant les campagnes électorales. La situation du terrain de Villevert est en partie due à l’incurie municipale depuis 15 ans. Comment expliquer qu’un terrain de 24ha à 10 km de la porte d’Auteuil puisse être à l’abandon depuis 15 ans ? Aujourd’hui face à cette situation il n’est pas surprenant que l’État envisage d’utiliser ces terrains à l’abandon pour répondre à des besoins d’intérêt général.
La municipalité est par conséquent doublement responsable du projet préfectoral qu’elle critique, responsable car elle n’a pas suffisamment avancé sur le dossier Villevert malgré ses promesses électorales, et responsable car comme dans beaucoup d’autres communes elle n’a pas fait preuve d’un minimum de solidarité dans la crise des réfugiés.
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